à une consonne près, Dominique Théate porterait un aptonyme parfait, tant son oeuvre met en scène une vie fantasmée. Ce long jeune homme né à  Liège en 1968 se rêvait artiste, avant qu'un très grave accident de moto ne lui brise les ailes. Il avait 18 ans.
Au travers de ses ' Shéma (sic) me représentant ' en pilote d'une grosse berline, en comédien à  la mise parfaite, en fiancé comblé, en jeune homme bien sous tous rapports, Dominique Théate se projette, tente de recoller les morceaux que l'accident a fragmentés en lui. Il prend à  témoin, conjure, invoque, revendique un futur, l'incarne dans sa geste votive. Il veut reprendre le cours des choses, forcer le destin, il a un plan pour ça, il en a fixé les étapes, les contours. Il existe (étymologiquement : sortir de, se manifester, se montrer).
L'art est la fin et le moyen de cette reconquête, tout s'y assemble, s'y rassemble, s'y ordonne : le dessin forme le dessein. Il en est l'accomplissement. Sur la feuille, Dominique est là  , face à  lui même, la mise parfaite, les mots tracés dessous dansent et serpentent. Convoquent des lendemains enchantés. La vitesse, la puissance, l'amour sont comme des voeux chuchotés dans le sillage d'une étoile filante. Leur scintillement s'attarde dans nos
rétines. Dominique a un plan, un schéma, ' une représentation simplifiée et fonctionnelle d'un objet, mouvement ou processus ' (Littré). Un plan. Simple. Fonctionnel. Une équation pour dire : ' je vis ', pour réclamer sa part de bonheur, sa dose d'amour.
Les messages qui jalonnent ses dessins ressemblent aux petites annonces matrimoniales. Mais aux effusions torrides, Dominique - le pudique volubile - préfère l'amour courtois, le frôlement des mains, l'esquisse d'un baiser, la promesse d'un enlacement.
Commissariat: Barnabé Mons