Jean-Jacques Oost aime les modèles de Modigliani, les pin-up des fifties, les naïades et les danseuses en papier glacé d'aujourd'hui, aussi les Sabine, Daisy, Martine, Isabelle qui ont l'air, elles, bien vivantes. Il représente souvent leur sexe en relief, comment dire, leur sexe pendant entre leurs jambes, juste ce qu'il faut trop en dessous de la normale, leur triangle pubien étant vraiment ici affaire de géométrie. Leurs seins sont représentés en perspective rabattue, ils sont donc longs mais non dénués de relief, parfois Jean-Jacques Oost les protège d'un soutien-gorge comme d'un accessoire qu'on pourrait cliquer sur d'autres plastiques. Les chairs s'estompent de subtiles nuances de roses très roses, l'atmosphère de bleus très bleus, les frontières du corps sont scrupuleusement délimitées d'un trait noir à la plume ou au crayon. Ses grands bois ou linoléums gravés sont parents de ceux d'André Derain ou d'Ernst Ludwig Kirchner, lorsque des artistes accentuaient leur foudroyante modernité au moyen d'une technique surgie du Moyen Age. Les grands gestes noirs et forts de Jean-Jacques Oost, sur ces papiers peints fleuris de cieux d'une autre époque, sont particulièrement magistraux en leur rugueux impact visuel. Ses portraits sont toujours en pied, on en compte des centaines, des centaines de femmes - les hommes se font rares en ces cartons à dessins -, toujours différentes et à chaque fois la même. Universelles et reproductibles, aussi fiables et fidèles que des géométries, enfin cernables même si ce n'est que dans le monde des papiers coloriés.
François Liénard