Des taillis, des buissons, ardents, le crayon s'embrase. Les dessins d'Eric Derochette tiennent du griffonnage mais à grande échelle cela doit s'appeler autrement, question de point de vue. Cette envie d'obstruer de mille traits circulaires une page blanche. Et si cette page était un ciel, on dirait que le temps est à l'orage. Tempête, blizzard, cyclone, typhon, ouragan - ce mot qui hurle et fait tout s'envoler -, dépressions. A moins qu'il ne s'agisse d'explosions de charbons, de coups de grisou sur les surfaces, jusqu'à la nuit noire des papiers étouffés. Certains mauvais regardeurs qui confondent l'ombre et la proie ou prennent des vessies pour des lanternes parleraient de dripping et de Jackson Pollock. Si l'on parle de danse, il s'agirait plutôt de valse sur la glace, une glace noire rayée par le geste sûr et obstiné d'Eric Derochette.
François Liénard