Laura Delvaux brode des peluches avec des laines. Elle serre les points si fort que l'animal d'abord s'étouffe, ensuite se pétrifie sous l'effet des couches de fils. Plutôt que broderie nous dirions momification - et qui a-t-il donc à l'intérieur de ces animaux sans organes ? Des peluches comme incarcérées de laines, enterrées vivantes dans les couleurs qui se feutrent. Parfois un oeil émerge, une oreille, une patte. Souvent la bête est prisonnière de son propre cocon. Et l'on ne sait plus si l'on à affaire à un insecte, un animal ou un enfant - et c'est bien là que réside la cruelle attraction de toute poupée. On ne sait si Laura colorie de fils les peluches en fonction de leurs pelages ni si Laura accorde quelque valeur symbolique à tout ceci. Ce que l'on sait c'est que diverses émotions passent - sans doute mettrons-nous enfin un jour des noms là -dessus - et que nous ne pouvons rester indifférent à ces magies.
(François Liénard)